Fidèle aux Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins depuis plusieurs années, l’Association de Sauvegarde, Etude et Recherche pour le patrimoine naturel et culturel du Var (ASER) oeuvre à la connaissance et préservation de son patrimoine local. Par l’étude (fouilles archéologiques, relevés et d’enquêtes ethnologiques, recherches en archives et travaux tournés vers les sciences naturelles et de la terre) mais également en s’impliquant dans la réhabilitation du patrimoine au travers de chantiers de restauration.
A l’occasion des JPPM, sur le domaine de la Pissine (Var), l’association emmènera ses visiteurs à la découverte des essences d’arbres endémiques avec des conférences et visites guidées de lieux boisés dans et autour du domaine où poussent les trois essences en individuel ou en bosquet (Chêne, pin, genévrier) avec expérimentations : huile de cade et éclairage au pin.
En attendant de pouvoir se retrouver autour du thème L’arbre, vie et usages, les 26 et 27 juin 2021, Philippe Hameau, président de l’association, nous a parlé de l’huile de cade, savoir-faire vernaculaire.
Le four à cade
Un four à cade est une structure en pyramide tronquée, d’un empattement moyen de 5 mètres sur 4 mètres, et montant à 2 mètres au-dessus du sol. L’extérieur est un parement de blocs calcaires monté à sec retenant un remplage de terre compactée. Le centre de la structure est un cylindre monté en briques réfractaires (la jarre), reposant sur un entonnoir constitué de fragments de tuiles : c’est la chambre de distillation. Derrière celle-ci, accessible par deux évents latéraux, un couloir bas sert de chambre de combustion. La structure sert à distiller des bûchettes de genévrier oxycèdre (juniperus oxycedrus), appelé cade en provençal, pour obtenir une eau et une huile. On obtient 5 litres de produit en distillant un quintal de bois de cade : les racines et la base du tronc plus riches en huile.
Eau et huile sont respectivement utilisées pour la médecine vétérinaire et humaine. L’eau ou l’huile de cade servent essentiellement pour les affections cutanées des ovins et caprins, et des hommes.
Ce type de structure est d’époque récente, entre la fin du XIXe siècle et la seconde guerre mondiale. Il correspond à une amplification d’une pratique ancestrale, déjà connue par des textes antiques et réalisée avec des poteries : la distillation dite « à la marmite » consistant à faire exsuder des bûchettes de cade enfermées dans un récipient céramique ou métallique par un feu extérieur. Par ce procédé, l’huile de cade est obtenue en quelques heures. Les bergers pratiquaient la distillation à la marmite et transportaient l’huile dans des cornes de bovidés.
La distillation en four répond à la demande des industries pharmaceutiques développant de nombreux produits (savons et crèmes) à base d’huile de cade, d’où le nom de la firme Cadum, notamment, connue pour les publicités de son bébé à peau douce. En France, cette industrie perdure à Claret (Hérault) où le « laboratoire » fonctionne à la façon d’un alambic, et par l’intermédiaire de la firme L’Occitane, sise à Manosque, qui commercialise depuis 2003 une gamme de cosmétiques pour homme justement appelée « Cade ».
ASER (Association de Sauvegarde, Etude et Recherche pour le patrimoine naturel et culturel du Var), en partenariat avec Forêt méditerranéenne, Conservatoire du Freinet
Domaine de la Pissine, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Var
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