Le thème des Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins (26 et 27 juin 2021), L’arbre, vie et usages, est l’occasion de mieux connaître le métier de luthier qui forcément commence par la maîtrise et la connaissance du bois. Fabriquer, régler, restaurer, c’est le travail quotidien de Mickaël Ourghanlian comme une véritable chanson de gestes : raboter, ajuster, retoucher, coller, sculpter… Découvrez un art passionnant autour du bois au service de la musique. Pour les mélomanes comme pour les simples curieux !
Pouvez-vous vous présenter ?
Mickaël Ourghanlian, 37 ans, j’habite avec mon épouse et mes cinq enfants à Bourg-en-Bresse depuis une dizaine d’années. Je me suis installé comme luthier il y a 4 ans. J’ai une formation d’ébéniste et ai travaillé quelques années avant de retourner sur les bancs de l’école de lutherie, à Mirecourt, pour apprendre le métier de fabricant d’instruments du quatuor à cordes (Violon, alto, violoncelle, et contrebasse).
Comment est apparue cette passion pour le bois ?
Cela m’est venue très tôt. Tout petit, mes parents nous emmenaient dans les musées, où nous découvrions les plus belles pièces mobilières du génie français au cours des siècles. Plus tard, j’ai fait du scoutisme, où l’on apprenait à s’installer confortablement au fond des bois. Nous utilisions donc le bois ! Nous construisions de vraies petites maisons, avec du mobilier sommaire mais fonctionnel.
Après les études d’ébénisterie, et me sachant musicien par ailleurs, mon patron m’a proposé de dégager du temps pour préparer le concours d’entrée à l’école de lutherie.
Quelles sont les qualités indispensables pour devenir luthier ?
De la patience, une bonne vision dans l’espace et une agilité manuelle. Un bon relationnel aussi car l’on travaille au service des musiciens. Enfin, il faut les qualités indispensables à tout chef d’entreprise, puisqu’être artisan est un métier complet.
Quelles essences travaillez-vous ?
Dans la lutherie du quatuor, on utilise l’épicéa, l’érable ondé, et l’ébène. Tous les trois pour leurs qualités physiques et acoustiques.
Comment vie, ou plutôt vieillit le bois une fois entre les mains du musicien ?
Le bois est un matériau passionnant, car il vit. Même dans le mobilier, il respire au rythme des saisons des changements de température et d’hygrométrie. A plus forte raison encore sur un violon, avec ses épaisseurs si fines et surtout sa mise en vibration permanente sous les doigts du musicien.
De plus, un violon, s’il est entretenu correctement, peut jouer pendant des périodes extrêmement longues. Des musiciens aujourd’hui jouent encore quotidiennement sur des instruments du XVIème siècle !
Quel regard portez-vous sur l’usage du bois d’une manière générale ?
La matériau bois est extraordinaire car renouvelable. De tous temps on a fait des outils, des meubles, et bien d’autres choses encore, avec du bois. Cela dit, la mondialisation, l’hyper consommation, la gestion parfois calamiteuse de forêts, rendent les choses délicates. Et impacte même parfois de manière détournée la lutherie, puisque plusieurs bois utilisés par les luthiers sont désormais protégés. Le pernambouc des archets, le palissandre des guitares, certains ébènes, sont en train de disparaître à cause de la voracité sans fin de l’homme.
Atelier de lutherie Mickaël Ourghanlian, en partenariat avec l’Office du tourisme de Bourg-en-Bresse
Auvergne-Rhône-Alpes, Ain
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